ILS ONTPASSÉ douze ou treize ans sur les bancs de l’école et, malgré leur carte d’identité française, préfèrent se dire sénégalais ou algérien que français. Le creuset républicain pensé par Condorcet et conçu par Jules Ferry ne remplit plus son rôle, et l’on n’en finit pas de se demander pourquoi. Les récents programmes, pourtant, ceux du primaire comme ceux du collège, ont pris en compte ce rôle intégrateur de l’école et l’importance dans la formation des citoyens d’une instruction civique et d’une culture historique commune.
La Marseillaise, qu’Éric Besson voudrait entendre chantée une fois par an dans les écoles, est déjà présente dans les programmes, notamment de CP et CE1 où les élèves « apprennent à reconnaître et à respecter les emblèmes et les symboles de la République (La Marseillaise, drapeau tricolore, buste de Marianne et devise “Liberté, Égalité, Fraternité”) ». Des valeurs qui sont ensuite approfondies, particulièrement en 4e et 3e. Les programmes d’histoire, quant à eux, déclinent la construction, l’invention de la France depuis la Gaule romaine jusqu’au XXe siècle, en passant par la monarchie centralisatrice et la Révolution, les plus petits ayant désormais des dates clés à mémoriser. « Les programmes sont finalement très riches, analyse Brete Ranson, professeur d’histoire-géographie et auteur de Tableau noir, la défaite de l’école (Denoël).
Mais il y a les programmes et ceux qui les appliquent. J’entendais l’autre jour un élève en cous de préparation aux concours dire : “La Marseillaise, je m’en fous, et le drapeau français, je le brûlerais.” Ils ne savent pas ce que signifie être un représentant de l’État. Les élèves, pourtant, adorent apprendre La Marseillaise. Ils se croient au Stade de France. Certains mettent même la main sur le coeur, comme les footballeurs. » Claude Masera, également professeur d’histoire- géographie, déplore pour sa part « l’instrumentalisation de l’histoire de France qui peut inciter certains collègues à la présenter systématiquement comme une longue succession d’oppressions contre les étrangers ». Géographe de formation, elle souligne à quel point cette discipline, fondamentale pour l’apprentissage de ce qu’est la France, ses paysages et ses produits, est le parent pauvre du système ; et la géographie française noyée dans les chapitres sur la mondialisation, les grands ensembles planétaires… « Mes étudiants qui préparent le diplôme d'expert-comptable ne savent pas situer Saint- Denis par rapport à Paris, confirme Marc Delero. Ils n’ont jamais vu la campagne. Comment voulez vous qu’ils aiment un pays qu’ils ne connaissent pas ?
mercredi 10 février 2010
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